Animation vidéo aux Carrefours du labyrinthe
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Parcours d’exposition
ALLIANZA, Chemin faisant, Collectif Allianza, Laetitia CARLOTTI, Diana DE MARI, Antoine SILVESTRI
Issue d’une réflexion sur l’évolution des paysages menée par Laetitia Carlotti, l’œuvre Allianza, Chemin faisant envisage le domaine de l’art comme lieu de résistance, où la mise en œuvre dessine une alternative au déterminisme de nos modes de vie. Alors que ces derniers décident implicitement du devenir de savoir-faire ou de leurs disparitions, l’art relève ici le défi d’établir un ancrage durable afin d’inscrire l’œuvre dans une perspective patrimoniale en rencontrant un lieu et sa situation spécifique. Associant techniques anciennes et contemporaines Allianza, Chemin faisant fait le choix de la continuité de ces savoir-faire et garde ouvert le passage entre les temps.
Au-delà de son édification l’œuvre procède du trajet qui mène à sa réalisation. Conçue dans une perspective collaborative, le projet artistique autour d’Allianza réalisé par Antoine SILVESTRI, bâtisseur en pierre sèche, permet de mettre en commun des approches et des compétences complémentaires pour prendre en considération toutes les conditions d’une expérience de l’art à ciel ouvert, dans sa relation au paysage.
L’œuvre Allianza est donc co-conçue avec le tracé du sentier Chemin Faisant, réalisé grâce à la paysagiste Diana De Mari. Son inscription sur ce sentier met en valeur l’idée du parcours d’expériences par l’approche paysagère et poïétique. En composant avec le terrain et le végétal, cette démarche conjugue approche contemplative et interventions sensibles avec le vivant. Déviant des voies carrossables, le sentier se resserre sur le corps. Il dicte la chorégraphie de la marche en imposant mesure et rythme.
Pour celui qui s’aventure dans cet espace de maquis que l’on dirait sauvage, il s’agit d’abord, au départ, de saluer la présence d’un grand chêne puis ployant comme des branches nos corps, nous glisser sur la voie qui chemin faisant dessine ce trajet et re-lit entre elles des situations.
Dès lors l’attention sensible se porte avec soin sur les traces de ce(ux) qui nous précède(nt), de ce qui est déjà là, guidant nos pas et devançant nos projets par leur présence préalable.en se frayant un passage joignant des lignes déjà présentes.
Chemin faisant, nous mettons nos pas et repassons sur les lignes façonnées par la circulation des passants, des animaux qui comme nous sillonnent la végétation, prennent appui sur la pierre ou en évitent l’obstacle, mais aussi, à l’envie s’attardent sous l’ombrage d’un grand arbre.
Dessiner un tracé c’est donc repasser sur les traces, répéter les pas, rejouer et modéliser les déplacements en les adaptant à une nouvelle situation à travers un travail de mémoire qui s’actualise. C’est ainsi que Diana de Mari a conçu le trajet de ce sentier en ménageant des passages nous permettant d’apprécier nos situations.
Imaginée et réalisée par Antoine SILVESTRI, bâtisseur en pierre sèche, Allianza matérialise un passage et définit un lieu sur ce chemin en concrétisant une traversée littérale de l’œuvre aussi physique que métaphorique.
Cette œuvre associe deux techniques de construction, la pierre sèche et la pierre de taille maçonnée, la seconde s’édifiant simultanément et à partir de la première: Deux contreforts en pierre-sèche, sertissent l’anneau d’Allianza .
L’œuvre se réfère au petit patrimoine bâti dont les ruines parsèment l’arrière pays Corse Comme pour ces constructions, les pierres sont prélevées sur place, choisies pour leurs qualités morphologiques et esthétiques.
Elles émergent du sol, s’adossent aux roches qui affleurent et se referment sur l’anneau, fait de 26 pierres de tailles façonnées dans du granit Sarde et réalisées avec des appareillages contemporains. Allianza s’apparente à la famille des œuvres d’art contemporaines qui élargissent le territoire de l’art au paysage, comme c’est le cas pour les refuges d’art contemporain rattachés au Musée Gassendi et au centre d’art CAIRN à Digne (04), ou La Tour à eau de Gilles Clément dans les monts d’Ardèche.
Pensée comme intimement liée à son milieu en des termes écologiques, techniques, symboliques et sensibles, l’œuvre à faire est une invite à composer avec le paysage. En valorisant l’émergence des liens par la pratique collaborative, il s’agit aussi d’allier des savoirs faire complémentaires au sein d’une dynamique culturelle, comme de renouveler leurs valeurs d’usage et d’encourager leurs transmissions.
A travers cette réalisation Allianza s’applique aussi à participer à la prise de conscience de la nécessité de conserver, transmettre et mettre en pratique le savoir-faire de la pierre sèche.
Si les qualités esthétiques de l’ouvrage permettent d’apprécier le travail, celui-ci reste inséparable de données paysagères qui le qualifient dans son rapport au lieu. Toute l’économie des moyens nécessaires à la mise en œuvre de ce projet ne peut passer outre une formation aussi sensible que technique. Cette pratique qui considère l’attachement au paysage comme vecteur de transmission ouvre à un ensemble de problématiques relatives à notre rapport à la terre, notre manière d’habiter le monde et de s’approprier l’espace.
Vous pouvez télécharger le dossier de présentation d’Allianza, Chemin faisant
depuis le site de la FFPPS
mais aussi visualiser une animation et écouter le poème de Mariangula ANTONIETTI, mis en musique et chanté par Antoine SILVESTRI en cliquant sur E PETRE SENZA NOME