Programme du Festival ITINERANCES 2024
une édition thématique qui nous invite à considérer nos paysages comme jardinés
en interrogeant nos manières d’être terrestres, les formes de savoir-faire, les gestes et les modes de connaissances capables d’en transmettre le goût.
Télécharger le programme
Texte en Corse: Marianghjula Antonetti Orsoni
Journée du 31 Mai :
Inauguration du Jardin Partagé a Casiccia
Le jardin partagé des élèves de Moltifau a été inauguré à l’occasion de la manifestation nationale des Rendez-vous aux jardins, le 31 mai dernier en présence de Monsieur Costa, maire de Moltifau, de Monsieur Cardi, principal du collège et Céline Dalle, professeure de science et vie de la terre, Nicolas Perraud, professeur d’anglais, Christelle Lopes, secrétaire de l’établissement, Laetitia Carlotti référents de l’Aire Terrestre Educative et Anne Joëlle Cano présidente de l’association arterra qui encadre ce projet de recherche avec les éco-délégués du collège autour des questions de biodiversité avec une approche entre arts et sciences.
Cet évènement ouvrait une cession de visites à destination des élèves du collège au Jardin partagé a Casiccia, ainsi que de l’exposition Pièces à conviction, par les éco-délégués de l‘Aire Terrestre Educative de Moltifau, retraçant le principe de recherches suivi. Il venait ponctuer une série d’actions proposées par arterra et s’étant déroulées tout au long de l’année, des ateliers de pratiques cultivant l’art du jardinage et de la greffe avec Dominique Grimaldi, jardinier de Moltifau et en travaillant autour des productions de la ruche avec André Renucci, apiculteur.
Cette matinée d’inauguration s’est terminée à la mairie par l’accrochage du dessin d’Alexis Pernet représentant les terrasses qui accueillent le jardin partagé avec les partenaires de l’opération dont l’association Moltifau Tempi Fà, gardienne de la mémoire du village.
Vendredi après-midi au Cullegiu
Projection du diaporama L’orti di Funtanaccia de l’associu Moltifau Tempi Fà
avec Marie-Anghjula Antonetti Orsoni et Micheline Vesperini
Alimentés par la source naturelle di u Canale, l’orti di a Funtanaccia permettaient à la population de se nourrir au fil des 4 saisons.
Matinée du 1er Juin :
Déambulation Performative autour des configurations paysagères du parcours d’expériences ITINERANCES
Avec:
Julie Demartini, pédologue et cartographe,
Compagnie LaFlux & les élèves au conservatoire de danse de Bastia
Olivier Bertholet, créateur sonore
Articulant énoncé scientifique et expression artistique pour apprendre à composer ensemble sur le terrain en regard de situations précises, pour ajuster des manières de voir et percevoir en donnant de la profondeur et du relief à ce qui constitue le sol que nous foulons, cette déambulation en 5 stations nous a conduits jusqu’à la station Sol-Aire ou a été inauguré l’installation du tableau de sol réalisé l’année passée par Claudy Jolivet, Dominique Schwartz et Gérald Yart dans la structure en bois conçue par Jean-Michel Storaï.
Par palier et en cinq stations, les recherches des scientifiques et des danseurs, fruit d’une résidence en plusieurs épisodes à laquelle était associé Claudy Jolivet, avaient pour objectif de formaliser ensemble, en saynètes des manières d’animer les lieux selon un principe de traduction, de s’en imprégner en les reliant par le parcours et de rendre sensible ce qui échappe d’ordinaire à une observation qui nous donne à voir le paysage, dans son immédiateté, comme un tableau.
Sur cette première station Julie raconte les mouvements terrestres, sédiments, érosion, les dépots du Nigreto creusant son lit et s’épandant, l’accumulation des matières organiques de la terrasse ombragée où nous sommes pendant que s’animent les corps avec les nappes sonores, par vagues.
A la seconde station, au Crayon, Julie nous parle du carbone, de sa présence en des formes diverses, de ses cycles, plus ou moins longs, permettant la stabilité des milieux de vie puis de l’emballement des indicateurs, dans une scénographie où musicien, danseurs et scientifique s’accordent ensemble à précipiter un problème qui nous laisse sur notre fin. Quand Julie nous le rappelle enfin, c’est à l’échelle de situations toujours particulières que peuvent être ajustés les gestes raisonnés d’une application pour retrouver les processus naturels de stockage du carbone dans les sols.
Au pierrier, u Ghjarione, Julie attire notre attention sur l’aspect émoussé des blocs et leurs agencements qui préfigurent les lieux. Elle s’évertue à nous expliquer les phénomènes de lave torrentielle, les pulses, flux et épandages consécutifs de matière au cours du temps et leurs consistances. Son énoncé est contrarié par Olivier, qui semble buter sur des mots, alors que les danseurs arpentent cycliquement l’amas de pierres en décrivant des trajectoires ascendantes qui se resserrent.
A l’amphithéâtre les danseurs et le musicien nous offrent un moment poétique, sans intervention scientifique, sur une musique faite d’une pluie de gouttes, où les corps se conjuguent à deux, se soutiennent et s’échangent jusqu’à ce que seule, une silhouette épouse la forme des pierres et des arbres et s’y fige en se fondant au décor.
Après-midi du samedi :
avec Monique Carlotti, formatrice au sein d’établissements médicossociaux
Après un déjeuner partagé sur l’aghjia, Monique Carlotti a proposé d’expérimenter des situations sensorielles dans l’atelier sentiences.
Précédés d’un bref exposé où il a été question des sept sens ajoutant au cinq habituels la kinesthésie, sens du mouvement et l’équilibre, des mises en situation et en mouvements, dont certains en déprivation visuelle ont été proposés au public qui s’en est emparé avec plaisir. Ces situations ont ponctué les étapes nous ramenant au Laburatoriu suscitant aussi échanges et riches commentaires.
Fin d’après-midi
Avec Yves Vernin, médecin ethnologue qui travaille sur l’histoire culturelle des fermentations
De retour au Laburatoriu culturale, Yves Vernin médecin, ethnologue et gastronome a présenté une conférence sur Garum et Umami, l’usage oublié de préparations millénaires qui infusent longuement et entrent dans sauces diffusant leurs saveurs, aiguisant notre appétit.
Soirée
Avec :
Gabriel Dutrait , Matthias Staub, Olivia Campanice,, membres du Collectif Feu Feu Feu
Après les dégustations de garum et d’umami apportés par Yves Vernin, le collectif Feu Feu Feu nous avait concocté un repas gastronomique et artistique : carapaces des crabes garnies de sanglier arrosé d’une bisque de crabe et d’un aïoli à l’huile d’immortelle, cuisseaux de chèvre et brebis rôtis au feu de bois pendant douze heures accompagnés de l’orge de la ferme Sorbelle, un intermède à l’hydromel fabriqué à partir du miel et du pollen de Dédé Rénucci, enfin un sorbet composé du lait des chèvres de Pascal Polidori, du Brocciu du Gaec du Monte Padru et de miel a clôturé ce somptueux diner dont le pain avait été pétri et cuit dans le four à bois de la famille Carlotti à partir de blé local.
Projection Nocturne
La soirée s’est terminée avec la projection du film de Luc Moullet, « Genèse d’un repas », projeté grâce au concours de Nelly Heimlich de Corsica doc et présenté par Raphaèle Dumas, productrice et réalisatrice.
La Journée du 2 Juin
Matinée
La matinée du dimanche 2 Juin a été consacrée au corps en mouvements en s’interessant plus particulièrement au métier de bâtisseur en Pierre Sèche. Antoine Silvestri nous a parlé du Corps comme instrument de mesure, mais aussi de l’analyse des gestes et postures incorporés au long de son parcours qui pouvaient être questionnés dans le rôle de transmission dont il a la charge, en tant que formateur.
Les échanges se sont poursuivis lors d’une table ronde avec Stéphane Vallet, lui aussi bâtisseur en pierre-sèche et formateur, et Stéphane Balas, maitre de conférences au CNAM spécialisé dans la clinique de l’activité. Ils ont permis d’évoquer les enjeux liés à la réappropriation de ces savoir-faire plus que jamais nécessaires à la préservation de nos paysages et rendue indispensable avec les évolutions climatiques.
Après-midi
L’après-midi deux ateliers se sont déroulés à l’intérieur du Laburatoriu en raison de l’orge : corps accord, accord sensible ont été proposés au public avec une
séance de yoga méné par Santu Sansonetti et un atelier Bien-être, auto massage, et massage du cuir chevelu par Emilie Spianti.