Assises nationales de la biodiversité

Du 5 au 7 juillet 2017,  arterra  participe aux assises nationales  de la Biodiversité.

Si une approche culturelle est nécessairement habitée par cette problématique de la biodiversité, avec en arrière fond la menace écologique dérivant de nos modes de vies, il semble que ce qui affecte notre capacité à engager une réflexion et des alternatives effectives soit cette spécialisation sectorielle qui exclut la dimension relationnelle culture-environnement qu’une telle organisation appelle de ses vœux.

Soigner cette fracture consisterait à s’attaquer concrètement, et à des problèmes de langage, et à celui des inégalités.

Pour ce qui est du langage, l’association gage que traiter les problèmes écologiques ne peut se résumer à les aborder uniquement sous cet angle. C’est pourquoi je propose d’avoir une prise de terre par le biais de l’art et du paysage re-composé. A travers l’exercice d’un processus artistique qui accorde une attention toute particulière aux lieux comme aux liens, ont lieu une prise de conscience avec la responsabilité de mettre en œuvre dans la manière de faire, de faire partie, de participer.

La respons-ability, comme capacité à trouver des réponses engage à développer le sens critique plutôt que d’annoncer des vérités justes, parfois sidérantes. Il nous faut désirer (dé-sidérer) cette responsabilité ou se la voir imposer, sous la forme d’une culpabilité assortie d’un dénie de pouvoir.

Du fait de notre insularité qui circonscrit et nous amène à circuler à travers les territoires et à vérifier qu’ils se métamorphosent rapidement, dans le temps et l’espace. Ceux qui ont conscience ici de la gravité de la situation globale et appréhendent personnellement les problèmes depuis leurs situations locales, travaillent à matérialiser des alternatives dignes d’intérêts. Alternatives qui correspondent à des nécessités en matière de tissage d’identité culturelle tout en s’attelant à remédier aux problèmes tangibles qui affectent les vies et dérivent d’un modèle économique global qui disqualifie en soi la solidarité. Dans un tel contexte, des minorités s’évertuent à créer les conditions d’une reconnaissance des actions menées tout en palliant au mieux à un manque de moyens contingent d’un engagement valeureux. La précarité de ces actions alternatives a tendance à les reléguer à des épiphénomènes marginalisés, trop souvent ponctuels, ce qui est dommageable pour tous à de multiples égards.

Cette sectorisation nuit clairement à la conception d’un destin en partage, cette mise à l’écart interdit de traiter les problématiques actuelles collectivement.

Pour finir et après avoir assisté à l’ensemble de l’événement, si cette manifestation vise à structurer favorablement un dispositif à l’échelle nationale pour protéger  notre biodiversité efficacement, il s’agirait peut-être en amont de reconnaitre la biodiversité des acteurs locaux.

Cela suppose d’identifier et d’encourager ceux qui expriment cette préoccupation à travers leurs pratiques respectives sur le terrain, à savoir les groupuscules travaillant chacun à des aspects particuliers de la question, de la créativité et de l’art, du recyclage de déchets, des alternatives culturelles et des pratiques agricoles, de l’artisanat local et du patrimoine, de l’intégration sociale et du multiculturalisme….

Donner voi(es)x aux alternatives en associant ces acteurs à la réflexion et ce en amont des projets est nécessaire pour co-construire un territoire unifié sous de véritables valeurs démocratiques, de manière collégiale et égalitaire, dans l’esprit de Pascal Paoli en leur donnant les moyens d’accéder à une pratique politique dans l’espace public.

Laetitia Carlotti