Atteli di a cultura
Novembre/décembre 2016 Laetitia Carlotti & Jean Froment participent aux Atteli di a Cultura
En tant qu’artiste et responsable de projets pour l’association arterra, j’ai rédigé à l’attention des organisateurs de ces Atteli (CTC) un texte descriptif visant à nourrir le débat sur le renouvellement d’une politique culturelle adaptée aux réalités du territoire insulaire tout en répondant aux problématiques actuelles.
L’originalité des projets soutenus par arterra consiste à sortir des enceintes cloisonnées des lieux dédiés à l’art pour produire et présenter des œuvres en étroite relation avec leurs lieux d’intégration, le plus souvent à l’air libre et principalement en libre d’accès. Ce faisant, les procédures de création, d’exposition et de médiation s’en trouvent renouvelées.
Si l’œuvre de l’art dans le paysage constitue une interface relationnelle, c’est qu’elle dépend de la manière d’aller à la rencontre d’un territoire en prenant en compte sa dimension naturelle et culturelle, avec la diversité de ses habitants et de leurs usages.
Le processus même de création des projets portés par l’association est de nature à interagir avec les domaines : éducatifs, culturels ou touristiques… tout en respectant l’environnement qu’ils intègrent. Ce faisant, il ouvre le champ de l’art à des pratiques artisanales ou paysagères.
Ces créations artistiques contemporaines conçues en étroite relation avec le paysage insulaire permettent en outre de reconsidérer d’un œil neuf la co-relation hommes – terre, territoire, à travers le lien de l’œuvre au lieu faisant partie du contexte global.
Ces réalisations débordent la logique du seul système économique puisqu’elles concernent à la fois l’offre culturelle, la sensibilisation à l’environnement, le monde de l’éducation, du tourisme et des loisirs pour créer du lien et du sens. L’association ne s’inscrit pas dans une visée lucrative et c’est ce qui en fait sa pertinence. Chaque participant impliqué dans les projets tire ses revenus de son activité professionnelle. Le temps libre dédié aux projets de l’association exprime une volonté d’engagement, une recherche d’échanges de qualité pour rendre à cette île ce qu’elle nous apporte en qualité de vie. Il apparaît que se retrouver autour de ces projets dans une considération partagée pour notre environnement est une manière de nourrir sa pratique propre et de la faire évoluer à travers le croisement des perspectives et des représentations.
Une des caractéristiques du fonctionnement d’arterra est que l’initiative des projets et des œuvres découle des artistes eux même et que la mise en œuvre engage une concertation large autour de ces projets, plaçant le corps intermédiaire de l’association à l’articulation de l’espace privé et de l’espace public.
L’œuvre réalisée donne lieu à des rencontres entre différents publics, elle sert de motif à des sorties pédagogiques et des fêtes saisonnières où est convié la population locale. Ces réalisations prennent place au sein d’un réseau d’acteurs économiques locaux (de la restauration au producteur de film).
Ces démarches qui ré-inventent un lien à la terre et à l’art ni commercial, ni idéologique peuvent nourrir les espaces de médiation culturelle de l’île (Frac, centres culturels, salles municipales…) afin d’assurer le maillage et la cohérence des projets artistiques d’intérêts collectifs.
Laetitia Carlotti